Près d’un million d’auto entrepreneurs en France
Il y a près d’un million d’auto entrepreneurs en France, selon le dernier décompte de l’Acoss, organisme qui assure la gestion de la trésorerie de chacune des branches de la sécurité sociale. Est-ce une bonne nouvelle ?
Oui, parce que dans un pays où il y a plus de trois millions de demandeurs d’emploi dans la définition la plus étroite, où un actif sur neuf est sur le carreau, il faut jouer sur tous les leviers pour encourager l’emploi.
Et l’idée de l’entrepreneuriat progresse. Il y a trente-cinq ans, quand le Premier ministre Raymond Barre avait osé dire que les chômeurs devaient créer leur emploi, il avait été hué par toute la gauche bien-pensante. Aujourd’hui, Pôle Emploi prodigue le même conseil sans choquer personne.
Seulement une grosse moitié du million d’autoentrepreneurs a gagné de l’argent lors du dernier trimestre connu.
Et si leur chiffre d’affaires global peut sembler massif, à sept milliards d’euros l’an dernier, il est en réalité trop faible : 1.100 euros par mois en moyenne par tête, desquels il faut enlever près de 300 euros de cotisations sociales. A peine plus de 800 euros de revenus par mois – on est loin de la fortune. Cependant, pour beaucoup, c’est une activité secondaire.
Le nombre d’autoentrepreneurs et leurs revenus peuvent-ils progresser ?
Ce n’est pas gagné. Pour bien fonctionner, le système doit être simple et ouvert.
Or l’administration déteste les systèmes simples, elle préfère tout compliquer, ce qui justifie son existence.
Et les professions concurrencées par les autoentrepreneurs, elles, détestent l’ouverture.
Résultat : la loi Pinel, entrée en vigueur au début de l’année, a rajouté une taxe, des formalités à accomplir, et en plus pour une bonne moitié des candidats un dossier à remplir incompréhensible et un stage coûteux obligatoire. Merci Madame la ministre !
Ensuite, ce n’est pas facile de devenir entrepreneur. Il faut de l’envie, de l’énergie, des compétences, une forme d’esprit qui n’est pas forcément celle qu’on encourage à l’école. En plus, la conjoncture n’amène pas les clients sur un plateau d’argent.
Faut-il alors vraiment s’accrocher à ce statut d’autoentrepreneur ?
Oui, trois fois oui, quitte à développer autour de l’accompagnement, du tutorat, de la formation, comme le réclame la fédération des autoentrepreneurs.
Il faut s’accrocher parce que le monde du travail change, et qu’il va changer encore.
Le salariat classique à temps plein, qui était devenu la norme au siècle dernier, va fatalement perdre du terrain. Parce que les entreprises s’organisent autrement pour être plus efficaces, parce que les clients que nous sommes ont des demandes plus diversifiées et qu’ils acceptent moins de patienter, et aussi parce que les jeunes qui arrivent aujourd’hui sur le marché du travail ont des aspirations différentes des générations précédentes.
Un exemple parmi d’autres : la majorité des salariés qui travaillent à temps partiel le font par choix, non par contrainte.
Dans cet univers du travail en pleine mutation, l’autoentrepreneur est une réponse parmi d’autres. Il serait dommage de s’en priver.
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